Thaïlande : Ranong, les îles secrètes de la mer d’Andaman
Située au nord de la côte de la mer d’Andaman thaïlandaise, la province de Ranong, frontalière de la Birmanie, est l’une des moins peuplées – et des mieux préservées – de Thaïlande.
Montagneuse et largement recouverte de jungle à l’intérieur des terres, Ranong déroule, au large de son littoral ourlé de mangroves et de plages désertes, un splendide chapelet d’îles sur fond d’eaux turquoise, protégées par les parcs nationaux de Mu Ko Ranong et Laem Son.
Seule une poignée d’entre elles sont habitées et ouvertes au tourisme, comme Ko Chang et surtout Ko Phayam. Cap sur un éden tropical, encore méconnu, à 300 km au nord de Phuket.
Préparez votre voyage avec nos partenairesRanong, l’une des régions les mieux préservées de Thaïlande
Ranong ? Rares encore sont les voyageurs internationaux qui savent placer sur une carte cette terra incognita de Thaïlande. Située le long de la côte d’Andaman, à 580 km au sud-est de Bangkok, cette province frontalière de la Birmanie est l’une des moins visitées du pays du Sourire. Un seul vol quotidien relie sa ville principale (Ranong, 20 000 hab.) à la capitale siamoise ; par la route, il faut compter 10 heures de bus (5 heures depuis Phuket).
Enclavée entre le voisin birman et la mer d’Andaman, Ranong est également la province la moins peuplée du pays. La saison des pluies s’étend sur près de huit mois, de fin avril à fin novembre, avec la pluviométrie la plus élevée de Thaïlande. Des particularités qui ont fait de cette région largement montagneuse, recouverte à 80 % de forêt tropicale, un splendide écrin végétal verdoyant et préservé.
L’intérieur des terres est en partie protégé par le Namtok Ngao National Park, un vaste parc montagneux culminant à plus de 1 000 m d’altitude. Le royaume des éléphants, des pythons, des aigles et des calaos, mais aussi des orchidées blanches (d’octobre à décembre), symboles de la province. Il abrite notamment une impressionnante cascade de 300 m de haut qui lui donne son nom, ainsi qu’une douzaine de sources thermales d’eau chaude (Porn Rang Hot Springs) où l’on peut se baigner.
Côté littoral, Ranong déploie d’infinies plages de sable, alternant avec de la mangrove, ponctuées de quelques villages de pêcheurs. Mais le meilleur se trouve au large : une trentaine d’îles tropicales – pour la plupart désertes – essaimées sur les eaux turquoise et chaudes de la mer d’Andaman et protégées par les parcs nationaux de Mu Ko Ranong et Laem Son. Elles sont reliées aux embarcadères de Ranong et de Bang Ben par des bateaux à longue queue (long-tail boats), des ferries ou des hors-bord (speedboats).
Porte d’entrée de la province, la ville de Ranong doit son origine à des immigrés chinois venus exploiter les filons d’étain de la région. Quelques shophouses typiques témoignent de ce passé. À proximité de la ville, des sources thermales d’eau chaude (65 °C) sont très appréciées pour leurs vertus curatives par les Thaïlandais, qui les préfèrent aux plages malgré la moiteur tropicale !
Ko Chang, une île sauvage pour les Robinsons dans l’âme
Pas de voiture, ni même de route asphaltée, ni de distributeur d’argent, ni de village, ni de supermarché, ni de clim’ ou d’eau chaude, et de l’électricité seulement 4 heures par jour… À 25 minutes de speedboat de l’embarcadère de Ranong, la petite Ko Chang (18 km²), en large partie montagneuse, est la quintessence de l’île tropicale sauvage propice aux robinsonnades. Rien à voir avec l’autre Ko Chang du golfe de Thaïlande, aussi vaste que développée.
Entièrement recouverte de jungle luxuriante, mais aussi d’hévéas et d’anacardiers (arbres à noix de cajou) cultivés par la centaine d’îliens, l’île se résume, pour le voyageur, à une vaste plage bordée de filaos et de cocotiers qui s’étale sur 4,5 km le long de la baie d’Ao Yai. Situé sur la façade occidentale de l’île, ce ruban de sable en forme de croissant de lune se rejoint en moto-taxi depuis l’embarcadère situé sur la côte orientale (ou 1 h 30 de marche).
Le long de la baie, des bungalows au confort sommaire hébergent une poignée de voyageurs au long cours ou des habitués des lieux souvent allemands ou scandinaves venus couler des jours paisibles sous les tropiques pendant la saison sèche. Certes, le sable n’est pas le plus parfait de la mer d’Andaman et les eaux n’ont rien de la limpidité de celles des Surin et autre Similan. Mais là n’est pas l’essentiel… Cette île est un havre de paix irrésistible, parfait pour les voyageurs en quête d’authenticité plutôt que de cartes postales.
Que faire à Ko Chang ? Rien ou presque, et c’est pour cela qu’on y vient. Lire un bon bouquin dans un hamac en écoutant le murmure des vagues ou du vent, se baigner dans une mer aussi chaude que l’eau d’une baignoire, observer le vol des calaos ou des aigles, faire éventuellement une sortie en kayak ou en paddle et ne manquer sous aucun prétexte le coucher de soleil sur la silhouette de l’île voisine de Zadetkyi, en Birmanie.
De la plage d’Ao Yai, on peut rejoindre deux anses encore plus isolées au sud de l’île, Ao Kai Tao et Ao Lek (2 heures de marche ou 500 THB à moto). Ou pas, et préférer contempler un temps qui s’écoule si lentement qu’il semble suspendu. La magie d’une île…
Dominant de sa flèche la plage d’Ao Yai, un temple bouddhiste s’élève au milieu des filaos. Un lieu de recueillement pour la petite communauté (moins de 100 habitants) qui vit sur Ko Chang, de la culture de l’hévéa et de l’anacardier, mais aussi de la pêche et du tourisme. Pendant la saison des pluies, les Moken (les fameux « gitans de la mer d’Andaman ») jettent l’ancre dans leur petit village au nord d’Ao Yai.
Ko Phayam, une île cool pour les Robinsons tranquilles
Longtemps considérée comme une île des initiés, un bon plan méconnu que les voyageurs se passaient de bouche à oreille, Ko Phayam, à 20 minutes de speedboat au sud de Ko Chang, connaît depuis quelques années un certain développement touristique. Contrairement à sa voisine, cette île modeste de 30 km² a vu quelques petits resorts sortir de terre, souvent au bord des plages, et pas mal de gargotes et restos familiaux.
Rien de bien méchant, toutefois. Phayam a conservé sa tranquillité et son côté alternatif, voire hippie (et pas forcément néo) : Rasta House, Hippy Bar, Flower Power Cafe… Les noms des bars parlent d’eux-mêmes !
L’animation se concentre au village, situé à proximité de l’embarcadère, sur la côte orientale. On y trouve des commerces (supérettes, agences de voyages, loueurs de motos…) et un distributeur de billets. De là partent trois petites routes, fréquentées uniquement par des motos et des songthaews.
Au nord du village, une curiosité : un petit temple construit sur l’eau au bout d’une jetée et un grand Bouddha doré sur une colline. Les quelque 500 habitants de l’île sont majoritairement bouddhistes, contrairement à la province de Ranong (musulmane). Au sud, une vaste mangrove, proche du Blue Sky Resort, peut être parcourue en kayak.
Le cœur de Ko Phayam, recouvert de forêts, de plantations d’hévéas et d’anacardiers, peut faire l’objet de balades à pied ou à moto. En chemin, on croise des macaques, des calaos et des aigles planant dans le ciel, et pas mal de chiens errants (inoffensifs).
Les plus belles plages se trouvent sur la façade occidentale de l’île, avec des bungalows à même le sable, mais l’eau n’est pas toujours claire (présence de sédiments ou de vase). Ao Yai, principal spot de l’île, déroule son vaste ruban de sable sur 2,5 km le long d’une baie bordée de filaos où certains s’essaient au surf.
Au nord, la plage d’Ao Kho Kwai (« la baie de la corne de buffle »), en forme de croissant de lune, est un peu plus animée avec ses petits hôtels et ses bars, dont l’iconique Hippy Bar construit à base de bois de récupération à même la plage. Ambiance cool et roots.
Enfin, tout au nord de l’île, se trouve la plage isolée d’Ao Kwangpeeb, une petite baie séparée du reste de l’île par une montagne recouverte par une jungle qui descend jusqu’à la mer. Juste un petit resort aux bungalows de bois. De quoi se sentir loin de tout…
Au sud d’Ao Kho Kwai, un petit pont conduit à un village de Moken, les « gitans de la mer », un peuple semi-nomade qui vit en mer d’Andaman au large de la Thaïlande et de la Birmanie. Traditionnellement, les Moken (ou Chao Lay en thaï) naviguent au large à la saison sèche et se réfugient sur terre lors de la saison des pluies, même s’ils ont tendance à se sédentariser. Venus d’Indonésie et parlant une langue austronésienne cousine du malais, ils étaient à l’origine des chasseurs-collecteurs. Marginalisés, les quelque 4 000 Mokens vivent dans des conditions précaires.
Le parc national de Laem Son, le paradis marin de Ranong
Une mer turquoise, presque laiteuse, et des eaux translucides sur lesquelles se détachent des îles désertes recouvertes de jungle, des plages au sable blanc immaculé, certaines vierges de trace de pas, plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux et de mammifères (macaques, binturong, pangolin de Malaisie)… Accessible depuis Ko Phayam, le parc national de Laem Son revêt tous les atours du paradis tropical préservé.
S’étirant sur 60 km au sud de Ranong, ce parc maritime de 315 km² – l’un des plus grands de Thaïlande – recouvre le littoral, notamment une vaste mangrove à la faune très riche, et une quinzaine d’îles.
Les plages sont sublimes et souvent désertes, car aucun service de transport régulier ne rejoint l’archipel de Laem Son. Il est nécessaire de louer un long tail boat (excursion à la journée) et les sorties en mer restent plutôt rares. Parmi les îles visitées, Koh Kang Kao séduit avec sa large plage au pied d’une falaise et son beau panorama sur la chaîne de montagne côtière de la province de Ranong. De là, une vingtaine de minutes de traversée permet de rejoindre Ko Kam Tok et la crique circulaire à la courbe presque parfaite de Ao Kho Kwai. Un belvédère dans la colline permet de profiter d’un panorama sublime sur l’île, son isthme, la mer et la côte au loin.
Ensuite, on peut rejoindre la grande île de Ko Kam Yai et son atoll ou la petite Ko Yipun et sa langue de sable blanc s’enfonçant dans l’eau turquoise. Son nom (« île Japon ») fait référence à la présence d’une base japonaise sur l’île pendant la Seconde Guerre mondiale. Le paradis, un peu plus loin…
La meilleure période de visite des îles du parc s'étend de décembre à avril. Pendant la saison des pluies, les précipitations peuvent être violentes, empêchant les sorties en mer. Le droit d'entrée du parc s'élève à 200 bahts (6€) pour les visiteurs étrangers.
Fiche pratique
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Office national du tourisme de Thaïlande
Comment y aller ?
Vol quotidien pour Ranong au départ de Bangkok Don Mueang avec Thai Air Asia. Trouvez votre billet d’avion.
Liaisons par bus depuis Southern Bus Terminal (Sai Tai Mai) de Bangkok (9-10h de trajet), Phuket (5h via Khao Lak) et Surat Thani (3h).
- Pour Ko Chang : speedboat (10 fois/j) depuis l’embarcadère de Saphan Pla (25 mn) en saison. Tarif : 300 THB, moins cher mais plus long en ferry.
- Pour Ko Phayam : speedboat (10-15 fois/j) depuis l’embarcadère de Saphan Pla (35-40 mn) en saison. Tarif : 350 THB, moins cher en ferry (2h, 200 THB)
- Pour Laem Son : excursion en long tail boat à la journée depuis Ko Phayam (3 îles pour 6 000 THB, jusqu’à 10 personnes) ou l’embarcadère de Bang Ben à 55km au sud de Ranong.
Quand y aller ?
Privilégier la saison sèche, de décembre à avril. Les précipitations peuvent être importantes en période de mousson et de nombreux hébergements ferment leurs portes.
Bonnes adresses
- Crocodile Rock Bungalows : Ao Yai, Ko Chang. Surplombant de sa colline la plage d’Ao Yai, les bungalows de Crocodile Rock offrent sans doute le plus joli panorama de l’île. Nichés sur pilotis dans la forêt, ils offrent un confort rudimentaire (pas de clim et électricité 4h par jour) mais satisfaisant pour passer un bon séjour (moustiquaire, hamac sur balcon). Bar et plusieurs terrasses sur la baie pour prendre un verre ou se restaurer. La cuisine locale est excellente, le pain et le muesli faits maison. Accueil adorable des proprios, Tonn et Pit. Notre coup de coeur à Ko Chang ! Compter 400-500THB la nuit.
- Kwangpeeb Bay Resort : sur la plage de Kwang Peeb, au nord de Ko Phayam. Tél : 09-53-65-30-22. wisuwanwihok@gmail.com Une petite douzaine de bungalows en bois, surplombant la mer ou s’accrochant à la montagne, sur la plage la plus isolée au nord de Ko Phayam. Confort spartiate mais suffisant (salle de bains, moustiquaire), bungalows correctement entretenus et resto. Une adresse à part.
- Blue Sky Resort : au sud de l’embarcadère, Ko Phayam. Essentiellement fréquenté par des Thaïs, c’est l’établissement chic de Ko Phayam, avec des bungalows (climatisés et tout confort, ça change !) au bord de la mangrove et de la plage. Belle véranda donnant sur la baie pour le petit déjeuner ou le dîner, piscine, activités (kayak, visites…). Doubles à partir de 4 000 THB.
- Sea View Restaurant : Ko Phayam. Au coeur de l’île, ce petit resto avec terrasse donne plutôt sur la belle canopée des arbres de l’île que sur la mer que l’on aperçoit au loin. Il draine une clientèle de touristes et d’habitués qui apprécient sa cuisine thaïe classique et goûteuse, à petits prix. Plats 100-300 THB
- Ko Phayam Seafood : au sud de l’embarcadère de Ko Phayam. Non loin du Blue Sky, ce resto avec terrasse sur la mer est très apprécié par une clientèle thaïe pour ses plats de fruits de mer et de poissons frais. Copieux et savoureux. La cheffe Wandee possède aussi le resto d’à côté et l’épicerie de l’autre côté de la rue. Plats 300-700 THB.
- Hippy Bar : dans la partie nord de Buffalo Beach, Ko Phayam. Le bar le plus connu de l’île, tout en bois de récup’, qui évoque un bateau échoué là des années plus tôt et réhabilité dans un style Pirate des Caraïbes déjanté. Idéal pour les photos. Musique live et Full Moon Parties certains soirs
- Andaman Discoveries : une agence de voyage sérieuse, spécialisée dans le tourisme responsable, qui peut vous aider à préparer vos excursions dans la région.
Texte : Jean-Philippe Damiani
Mise en ligne :