Haute-Provence : balades artistiques dans le Géoparc Unesco
Pour conjuguer nature et culture dans un superbe cadre naturel, direction la Haute-Provence. À la lisière de la chaîne des Alpes et de la Provence est né, en 2000, le premier Géoparc de France labellisé par l’Unesco. Ce territoire riche en gisements fossilifères et doté de paysages à couper le souffle est pourvu d’un parcours artistique intitulé Refuges d’Art, initié par des artistes marcheurs du monde entier. Un musée à ciel ouvert, situé à proximité de Digne-les-Bains, qui se découvre le temps d’un week-end ou lors d’une randonnée de plusieurs jours.
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Le Géoparc de Haute-Provence : un patrimoine géologique exceptionnel
Repéré depuis le XIXe siècle pour ses trésors géologiques, le Géoparc de Haute-Provence s’est fait connaître grâce à la dalle aux ammonites et ses 1 500 fossiles et nautiles, vieille de plus de 200 millions d'années. Cette fresque située près de Digne-les-Bains est un témoignage émouvant de ces terres noyées jadis sous les océans…
Couvrant environ 2 000 km², le Géoparc met en valeur un patrimoine géologique de plus de 300 millions d’années, mais aussi les dimensions archéologique, historique, culturelle et écologique.
Depuis les années 2000, le premier Géoparc de France a fait des émules. Il en existe désormais 184 à travers 125 pays et tous témoignent de cette volonté de conserver et de protéger un patrimoine géologique inestimable.
Dans le parc de Haute-Provence, 67 communes du département, dont Les Mées, Sisteron, Digne et Château-Arnoux, œuvrent pour proposer cinq routes thématiques soit 150 km qui mettent en valeur 130 œuvres d’art.
Une belle occasion pour découvrir la vallée du Bès, s'arrêter pique-niquer puis continuer à pied au cœur des robines formées par l’érosion des marnes noires et des clues (resserrements rocheux perpendiculaires au lit d’une rivière) taillées dans les roches calcaires du Jurassique.
En guise de guides, des artistes-marcheurs traceurs de ponctuations poétiques tellement discrètes. Il n’y a pratiquement jamais de panneaux d’indication et il vaut mieux être accompagné d’un guide de l’association l’Art en chemin, fins connaisseurs du Géoparc. Indispensable si vous voulez faire le tour des œuvres artistiques en six jours ! Yvan est notre chouchou !
Un parcours artistique au cœur du Géoparc de Haute-Provence
À l’origine du parcours des Refuges d’Art, l’artiste anglais Andy Goldsworthy et la conservatrice Nadine Gomez. Depuis 1995, le musée Gassendi de Digne travaille en symbiose avec des artistes contemporains pour laisser des traces artistiques au sein de son territoire de plus de 23 000 km². Pour le promeneur, chaque œuvre est l’occasion de réfléchir à son rapport avec la nature.
En guise de commencement, rendez-vous au musée Gassendi pour découvrir une première œuvre créée en 2002 par Andy Goldsworthy. Cette gigantesque empreinte de terre mêlée de cheveux humains vient célébrer l’harmonie entre l’homme et la nature. D’autres photographies, sculptures et calligraphies se confrontent avec les collections géologiques du musée pour éveiller nos sens. Enrichi de ces connaissances géologique et artistique, il est temps de partir sur les traces de cehilosophes poètes…
Direction ensuite le musée-promenade de Digne en longeant la Bléone, une jolie balade qui se fait l’été sur le lit de cette rivière en tresse parsemée de végétation. La rivière se déplace en fonction des crues. À 3 km du centre de Digne, la nature devient sauvage. Il suffit d’admirer la cascade de Saint-Benoît, pyramide de tuf envahie de mousse, pour s’en rendre compte.
Dans le jardin des Papillons, des plantes savamment choisies se dissimulent dans les herbes folles pour attirer les insectes. Sur les pierres, des mots en lettres d’or gravés par l’artiste herman de vries nous interrogent sur notre finitude… En parcourant les deux sentiers longs de 2 km, celui des cairns et celui de l’eau, on a un aperçu de ce qui nous attend là-haut dans les montagnes…
En rejoignant la ville, n’oubliez pas de réserver votre visite dans la maison-musée d’Alexandra David-Neel. Une plongée dans l’univers fantasque et rebelle d’une aventurière passionnée de voyages, de rencontres et de philosophie. Deux nouvelles salles viennent d’être inaugurées : la chambre de Philippe Neel et celle de Yongden son fidèle ami.
Digne et la chapelle de Saint-Pancras, aux sources de l’art
Deux kilomètres après avoir dépassé l’établissement thermal de Digne en direction d’Entrages, un panneau sur la gauche indique la chapelle de Saint-Pancras (2 h de marche A/R) et la source des bains thermaux, juste en face d’un petit parking.
Nous sommes ici au cœur des terres noires, dans ce paysage de pentes ravinées aux formes arrondies formées de roches sédimentaires à grain fin. Le long de cette ancienne route Napoléon, on croise des cavaliers et des VTT sillonnant à travers les plis érodés. Au cœur de ces roches lunaires, témoins de la présence de la mer à l’ère secondaire, il n’est pas rare de découvrir des fossiles incrustés sous nos pas.
Après avoir dépassé le forage Ophélia alimentant les thermes, un chemin sur la gauche (pas d’indication) nous conduit au Refuge d’Art d’Andy Goldsworthy. Dans une ancienne cabane de berger, l’artiste a dissimulé un cairn de galets. Pour s’y faufiler, une entrée ronde symbolise le monde. À la fois garant de la tradition pastorale et œuvre à part entière, ce refuge a été imaginé par l’artiste pour éveiller nos consciences sur la fragilité de nos vies.
En continuant à grimper (45 min) en direction de la chapelle Saint-Pancras, un formidable point de vue se dévoile sur la ville et le rocher de Neuf Heures, au loin. En contrebas, la via ferrata. Sur une butte au pied de la barre des Dourbes, on distingue les noms de philosophes gravés en lettre d’or par l’artiste herman de vries.
Après l’effort, le réconfort ! Laissez-vous tenter par un massage tibétain suivi d’un soin des pieds avec un bol Kansu dans le spa de l’établissement thermal (65 €). À la clef, 50 min de relaxation et un parcours aquatonic tutoyant le sommet des montagnes. À privilégier le soir au coucher du soleil…
La vallée du Bès, des œuvres au cœur de la nature
La route longe la rivière Bès. Avant de passer une première clue, un sentier sur la droite du nom de Vélodrome indique le départ du parcours artistique.
La montée abrupte sillonne la montagne jusqu’au panorama du vieil Esclangon à 2,5 km. Yvan, notre guide, rappelle que la marche fait partie de l’œuvre artistique suggérée par les artistes. Le chemin poudré de terre rose offre des points de vue à la hauteur de nos espérances.
Soudain, la clue du Pérouré surgit au-dessus de la forêt de chênes et de pins en attendant la vue époustouflante au col de l’Escuichière…Un panorama imprenable sur le Vélodrome à 1 151 m d’altitude nous attend. Au sol, des pierres fossilisées remplies de cailloux sédimentaires évoquent la présence d’une plage vieille de plusieurs millions d’années.
À côté des œuvres de herman de vries gravées en lettres d’or sur les pierres, des fossiles de coquillages jalonnent le chemin. Les indices artistiques sont discrets, presque éphémères et rarement indiqués.
Après 40 min de montée, les ruines de l’ancien village d’Esclangon surgissent au milieu de cette végétation envahissante. À droite, en continuant le chemin, l’abri de berger restauré par Andy Goldsworthy conserve l’une de ses œuvres emblématiques, sorte de flot aquatique chargé d’énergie courant sur un mur fait d’argile et de cheveux. De l’autre côté de la cheminée, le refuge est équipé de plusieurs couchages. (N’oubliez pas de réserver et de prendre la clef au musée Gassendi.)
Pourquoi ne pas découvrir la vallée du Bès à vélo ? Au gîte de Flagustelle, à Verdaches, vous pouvez louer un vélo et profiter de micro-étapes pour découvrir entre autres le jardin sans jardinier d’herman de vries à droite du torrent situé à l’entrée de la magnifique clue de Barles ou La Sentinelle d’Andy Goldsworthy au creux de la roche sur la gauche.
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le guide du Routard Provence en librairie.
Pour préparer votre séjour, consultez notre guide en ligne sur la Provence
Site de l’office du tourisme des Alpes de Haute-Provence
Site de l’office du tourisme de Digne-les-Bains
Site du Géoparc de Haute-Provence
Lire aussi notre reportage Digne-les-Bains, entre montagnes et lacs
Comment y aller ?
En train pour rejoindre Digne : depuis la gare d’Aix en Provence, puis un bus régional Zou assure la liaison en 2 h 15. Il faut compter 1 h 15 en voiture. Pour rejoindre le parcours artistique, il est préférable d’avoir une voiture pour faire de petites étapes.
Avant de partir téléchargez l’application ambulo qui vous aidera à identifier les œuvres d’art.
Bonnes adresses
– Hôtel Refuge des Sources : 36, av. des Thermes, à Digne-les-Bains. L’ancien Tonic Hotel des années 1960 s’est fait une beauté dans l’esprit chalet de montagne ! Normal vu sa situation aux pieds du rocher de Malassis et au cœur du vallon du Torrent. Un vrai bain de jouvence avant d’entamer une cure aux thermes, juste à côté, ou de partir en balade vers la chapelle Saint-Pancras. 60 chambres à partir de 80 € + 13 € petit déjeuner.
- Camping Mandala : dans la vallée de Prads Haute-Bléone à 26 km de Digne, la nature est particulièrement sauvage. Au cœur de ce camping zen avec yourtes et chalets éco-responsables attendez-vous à vivre une expérience ressourçante auprès de Nina. Au programme, rando-yoga, massages et sophrologie. Yvan quant à lui vous montera avec ou sans ânes, les chemins secrets de la vallée.
– Nusa : 10, av. du Maréchal-Juin, à Digne. Face au musée Alexandra David-Neel, ce restaurant végétarien est un havre de paix et de douceur créé par deux sœurs. Entre deux ateliers de bien-être, vous dégusterez une cuisine maison avec rien que des produits frais, et au maximum biologiques. Au menu : bowl de toutes les couleurs, gaufres salées, bagels croustillants et banana bread toastés. Plat 15 €, dessert 6 €.
– Bistrot Gaby : 14, av. du Général-de-Gaulle, à Chateaux-Arnoux. Jany Gleize, chef étoilé de la Bonne Table, a imaginé une formule bistrot à la jolie déco nature rien qu’avec des mijotés, des gratins odorants et des plats en cocotte… Un régal à des prix très raisonnables : sauté du jour et gnocchis (19 €), burger d’agneau (21 €). Dessert 7-9 €.
– Villa Gaïa : 24, route de Nice, à Digne. Construite en 1730, cette maison de famille a été transformée en hôtel il y a trente ans par Anne-Françoise et Georges-Éric. Un couple souriant qui nous accueille comme des amis et nous chouchoute avec de bons petits plats ! Les chambres ont ce goût suranné d’une ancienne auberge de campagne. Réjouissant ! Demi pension pour 2 personnes 180 €/jour (minimum 3 jours).
Avant de partir, n’hésitez pas à passer à l’office de tourisme de Digne-les-Bains (place du Tempinet) pour faire le plein de cartes et de renseignements sur les parcours artistiques.
– Musée Gassendi : 64, bd Gassendi, à Digne-les-Bains. Une étape incontournable pour suivre l’épopée de ces artistes marcheurs et prendre les clefs de l’un des 4 refuges artistiques pour passer la nuit.
– Le Musée-promenade de Digne propose deux balades dans la nature, un musée géologique et une introduction aux œuvres d’art des artistes marcheurs. Entrée 8 €. Fermé jusqu’au 31 mars 2024.
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Texte : Barbara Divry
Mise en ligne :
